Montesquieu (1689-1755)

Lettres persanes (1721)


  • C'est un malheur de n'être point aimée; mais c'est un affront de ne l'être plus. (lettre 3)

  • ...je ne leur parle pas comme vrai Croyant, mais comme homme, comme citoyen, comme père de famille. (lettre 10)

  • Comment peut-on être Persan ? (lettre 30)

  • Il n'y a rien de si affligeant que les consolations tirées de la réussite du mal, de l'inutilité des remèdes, de la fatalité du destin de l'ordre de la Providence, et du malheur de la condition humaine. C'est se moquer de vouloir adoucir un mal par la considération que l'on est né misérable. Il vaut bien mieux enlever l'esprit hors de ses réflexions et traiter l'homme comme sensible, au lieu de la traiter comme raisonnable. (lettre 33)

  • Il faut l'avouer, quoique cela choque nos moeurs : chez les peuples les plus polis, les femmes ont toujours eu de l'autorité sur leur maris. (lettre 38)

  • Je voudrais bannir les pompes funèbres: il faut pleurer les hommes à leur naissance, et non pas à leur mort. (lettre 40)

  • ..dans quelques religion qu'on vivre, l'observation des mois, l'amour des hommes, la piété envers les parents, sont toujours les premiers actes de religion. (lettre 46)

  • Il faut vivre avec les hommes tel qu'ils sont. (lettre 48)

  • .. n'élever jamais les officiers dont la patience a langui dans les emplois subalternes. Nous les regardons comme des gens dont l'esprit s'est rétréci dans les détails, et qui par l'habitude des petites choses, sont devenus incapables des plus grandes. (lettre 48)

  • Nous ne jugeons jamais des choses que par un retour secret que nous faisons sur nous-mêmes. (lettre 59)

  • Quand je vois des hommes qui rampent sur un atome, c'est-à-dire la Terre, qui n'est qu'un point de l'Univers, se proposer directement pour modèles de la Providence, je ne sais comment accorder tant d'extravagance avec tant de petitesse. (lettre 59)

  • Quand un homme n'a rien à dire de nouveau, que ne se tait-il ? (lettre 66)

  • Vérité dans un temps, erreur dans un autre. (lettre 75)

  • Je suis obligé de suivre les lois, quand je vis sous les lois. Mais, quand je n'y vis plus, peuvent-elles me lier encore ? (lettre 76)

  • Ainsi, quand il n'y aurait pas de Dieu, nous devrions toujours aimer la Justice, c'est-à dire faire nos efforts pour ressembler à cet être dont nous avons une si belle idée, et qui, s'il existait, serait nécessairement juste. Libres que nous serions du joug de la Religion, nous ne devions pas l'être de celui de l'Equité. (lettre 83)

  • Il n'y a rien de si extravagant que de faire périr un nombre innombrable d'hommes pour tirer du fond de la terre l'or et l'argent, ces métaux d'eux-mêmes absolument inutiles, et qui ne sont des richesses que parce qu'on les a choisi pour en être les signes. (lettre 118)

    (Dans le livre de poche)


Montesquieu (1689-1755)

Pensées


  • La pudeur sied bien à tout le monde, mais il faut savoir la vaincre et jamais la perdre. Tout homme doit être poli mais aussi il doit être libre. (n° 55)

  • L'étude a été pour moi le souverain remède contre les dégoûts de la vie, n'ayant jamais eu de chagrin qu'une heure de lecture ne m'ait ôté. (n° 213)

  • Il y autant de vices qui viennent de ce qu'on ne s'estime pas assez que de ce qu'on s'estime trop. (n° 286)

  • On dispute sur le dogme, et on ne pratique point la morale. C'est qu'il est difficile de pratiquer la morale et très aisé de disputer sur le dogme. (n° 481)

  • Un honnête homme est un homme qui règle sa vie sur les principes de son devoir. (n° 652)

  • La dévotion trouve pour faire une mauvaise action des raisons qu'un simple homme ne saurait trouver.. (n° 1140)

  • Si je savais une chose utile à ma nation qui fût ruineuse à une autre, je ne la proposerais pas à mon prince, parce que je suis un homme avant d'être français, ou bien parce que je suis nécessairement homme, et que je ne suis français que par hasard. (n° 350)

  • Si je savais quelque chose qui me fût utile et qui fût préjudiciable à ma famille, je la rejetterais de mon esprit. Si je savais quelque chose d'utile à ma famille et qui ne le fût pas à ma patrie, je chercherais à l'oublier. Si je savais quelque chose utile à ma patrie et qui fût préjudiciable à l'Europe, ou bien qui fut utile à l'Europe et préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. (n° 758)

  • Une chose n'est pas juste parce qu'elle est loi, mais elle doit être loi parce qu'elle est juste. (n° 460)

  • Quel abus de faire servir Dieu à ses passions et à ses craintes ? Y a-t-il de plus mortelle injure que celle que l'on fait sous prétexte d'honorer ? (n° 207)

  • On parlait de l'existence de Dieu. Je dis : En voilà une preuve en deux paroles : il y a un effet, donc il y a une cause. (n° 2095)

  • Marc Antonin [= Marc Aurèle]. Jamais philosophe n'a mieux fait sentir aux hommes les douceurs de la vertu et la dignité de leur être. Le coeur est touché, l'âme agrandie, l'esprit élevé. (n° 576)

  • Dans la plupart des auteurs, je vois l'homme qui écrit, dans Montaigne, l'homme qui pense. (n° 633)

    (Collection Folio ISBN 978-2-07-044368-0)



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dernière mise à jour : 27/01/2018 version: YF-2000