Jean Rostand (1894-1977)

Ce que je crois


  • Voici donc « ce que je crois », - étant bien entendu qu'on ne peut jamais que croire, et que toutes la différence est entre les téméraires qui croient qu'ils savent et les sages qui savent qu'ils croient. Voici ce que je crois, parce qu'on ne peut s'empêcher de croire quelque chose, même quand la raison suprême serait peut-être de suspendre le jugement. Voici ce que je crois, avec mes gènes, mes hormones, mes réflexes, mon passé, mon expérience dérisoire, mon misérable savoir. Voici ce que je crois, quand je suis seul avec moi, et non pas en présence des autres, qui trop souvent nous altèrent en nous provoquant au consentement ou à la contradiction. (p.13)

  • Impossible pour moi, de croire à une vérité qui serait derrière nous. La seule vérité à laquelle je crois en est une qui se découvre lentement, graduellement, péniblement, et qui imperceptiblement s'augmente chaque jour. (p.16)

  • L'une des choses que je crois avec le plus de force, l'une des rares dont je suis à peu près sûr, - c'est qu'il n'existe, de nous à l'animal, qu'une différence de plus au moins, une différence de quantité et non point de qualité; c'est que nous sommes de même étoffe, de même substance que la bête. (p.19)

  • Pas un être organisé, si humble soit-il, dont je ne me sente le frère, et non pas effectivement mais rationnellement. (p.19)

  • Je crois moins à l'inconnaissable qu'a une régénération perpétuelle de l'inconnu. (p.74)

  • Pour celui qui a vraiment ressenti, vécu le tourment de la question intérieure, il ne peut pas même concevoir d'où pourrait jamais venir l'apaisement. Alors même qu'il aurait la foi aux mystérieux, au -delà que promettent les religions, il lui semblerait que, jusque sous les feux de l'enfer ou dans les délices du paradis, il ne pourrait faire autrement que de continuer à se poser des questions... (p.74)

  • Expliquez-moi le dernier des insectes, je vous tiens quitte de l'homme... (p.111)

    (Edition Grasset 1953)


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Carnet d'un biologiste


  • La noblesse d'un être est rigoureusement indépendante de celle de ses convictions. (p.10)

  • J'ai quand même assez de santé en moi pour condamner le malsain qui me séduit. (p.54)

  • Quand j'admire un livre c'est que j'y ai trouvé quelques phrases à mâchonner. (p.101)

  • Celui qui n'est soutenu par aucune foi doit, à toute minute,recréer sa propre lumière. (p.151)

  • Si tu refuses ton propre combat, on fera de toi le combattant d'une cause qui n'est pas la tienne. (p.155)


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dernière mise à jour : 20/12/2021 version: YF/21/09/2001